Peut-on adopter un chien même si on n’a pas de terrain ou un jardin ?

On aimerait adopter un chien mais on se l’interdit faute de posséder un terrain ou un jardin. Ou, au contraire, on a la chance de vivre dans une maison dotée d’un espace extérieur, et on considère qu’un chien y trouvera tout naturellement sa place.

Dans les deux cas, c’est une vision du jardin erronée car trop réductrice et simpliste…

En effet, il est incontestable qu’un terrain privatif, utilisé judicieusement et avec parcimonie, offre des perspectives intéressantes. En revanche, mal exploité, ce qui est trop souvent le cas, il risque fort de présenter de sérieux inconvénients, tant pour le chien que pour ses propriétaires. Quels peuvent être ces inconvénients ?

Une fausse solution à des problèmes de comportements :

Au moment de son arrivée au sein de la famille, le chien, tout petit-tout mignon, est accueilli dans la maison, dorloté, câliné à outrance mais n’est souvent soumis à aucun des rituels fondamentaux (apprentissage de la solitude, gestion du contact, de l’espace…). Il s’ensuit des comportements tels que destructions, malpropreté, aboiements dès que l’animal se retrouve seul et parfois aussi en présence de ses maîtres… Comportements indésirables face auxquels de nombreux propriétaires trouvent dans le jardin un lieu de relégation pour l’animal destructeur qui leur permet de protéger leur intérieur (meubles et autres objets personnels) des dégradations canines.

Une mauvaise socialisation :

le chien, cantonné en (quasi) permanence dans son terrain, ne rencontre pas de congénères ni d’humains autres que ceux de sa « famille ». Il va donc vite se montrer craintif et/ou méfiant à l’encontre de tout ce qui lui est étranger : environnement, objet, animal ou humain. Cette méfiance peut se manifester de différentes manières, plus ou moins acceptables, allant de l’évitement à l’agressivité.

Une « désobéissance acquise » :

Un chien resté trop longtemps seul manifestera souvent une surexcitation difficile à juguler au retour de ses maîtres… qu’il maculera joyeusement de ses pattes terreuses ou boueuses ! A l’inverse, au moment de rentrer le chien, les rappels risquent d’être difficiles voire impossibles. Bon nombre de propriétaires ont fait l’expérience déplaisante de courir, à minuit, en robe de chambre, après leur chien qui a décidé mordicus de rester sur le terrain ! Autant de moments désagréables qui nuisent peu à peu à la relation chien-maîtres et incitent malheureusement souvent ces derniers à faire « dresser » leur animal, alors qu’ils sont eux-mêmes responsables du dysfonctionnement de la relation. Il arrive même que ces comportements indésirables du chien conduisent ses propriétaires à lui infliger le port d’un collier électrique ou anti-aboiements, à le surmédicaliser pour ses supposés troubles comportementaux ou, pire encore, à s’en débarrasser.

La « territorialité » :

le chien, contrairement à une idée trop souvent répandue, n’est pas un animal « territorial » dans le sens où il ne défend pas « son territoire ». Toutefois, il possède des « distances émotionnelles » qui sont propres à chaque individu. Le fait de le laisser seul dans un espace clos revient à lui fixer des limites spatiales qu’il aura trop souvent à gérer de façon autonome. Or, même si ces limites « imposées » ne sont probablement pas celles qui lui correspondent de façon intrinsèque, il va se les approprier et en réguler l’accès. Là encore, le mode de régulation peut être plus ou moins tolérable selon le caractère du chien, mais il y a de fortes chances qu’il se mette à poursuivre tout ce qui bouge derrière la clôture et aboie de façon intempestive sinon ininterrompue… Deux habitudes auxquelles il est très difficile de remédier par la suite !

Des promenades trop peu nombreuses et le plus souvent en laisse : offrir à son chien un espace extérieur, si étendu soit-il, ne doit en aucun cas dispenser ses propriétaires de lui prodiguer des balades quotidiennes. Sortir un chien, ce n’est pas simplement l’emmener éliminer dans des lieux adaptés. C’est répondre à des besoins qui lui sont tout aussi essentiels : l’interaction ludique avec son propriétaire, le défoulement par la course, l’exploration de lieux inconnus, la rencontre de congénères ou la simple détection de messages odorants qu’ils ont déposés à son intention… Sans parler du plaisir de se rouler dans des odeurs tout à fait nauséabondes pour nous, mais dont lui se délecte ! Tous ces manques, générés par l’absence de promenades accompagnées (mais non tenu en laisse), vont nécessairement l’obliger à compenser…Et il est rare que les modes de compensation que les chiens se choisissent nous conviennent ! On peut considérer qu’une heure de promenade par jour, si possible sans laisse, est un minimum (si je ne peux pas toujours m’en charger, il existe de plus en plus de services de promenades canines).

    

Pour tromper l’ennui, s’occuper et satisfaire les besoins propres à son espèce que ses propriétaires auront omis de combler, le chien laissé en autonomie dans le terrain familial va, dans le meilleur des cas, se faire jardinier (creuser, enterrer, déterrer)… et, bien sûr, aboyeur invétéré. Il peut également prendre l’habitude d’aller se promener seul quand bon lui semble.

A la recherche de contact, il tentera probablement de forcer l’entrée des portes et fenêtres de la maison qui risquent bien d’en souffrir un peu et seront à nettoyer quotidiennement.

Dans le pire des cas, il peut aussi fuguer, développer des tocs, ingurgiter un corps étranger qui lui sera fatal ou entrainera des frais vétérinaires conséquents, devenir totalement asocial… A moins qu’en l’absence de ses humains préférés, d’autres humains plus mal intentionnés ne viennent l’empoisonner ou le voler.

Finalement, quand on est chien, mieux vaut vivre en appartement avec des maîtres attentifs à ses besoins et disposés à les satisfaire que de se retrouver en permanence coincé tout seul derrière le grillage d’un jardin, si spacieux soit-il !!!

Pour mémo

  • Disposer d’un terrain/jardin/cour n’est pas un préalable à l’adoption d’un chien.
  • Mon jardin n’est pas un lieu de relégation salutaire pour mon intérieur.
  • Je ne considère pas mon jardin comme un substitut aux promenades.
  • Je ne laisse pas mon chien dehors sans surveillance : soit je reste avec lui, soit je veille sur lui d’une fenêtre.
  • J’utilise mon terrain comme une aire de jeux et d’apprentissages en interaction avec mon chien.
  • Mon chien a besoin de moi pour apprendre ce que j’attends de lui. Il est de ma responsabilité de l’éduquer et de le guider vers une bonne ritualisation.

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